A toute matière une source, une raison d’exister, des spécificités et une vocation valable.
Le parfum s’avère être parmi les matières les plus sollicitées à travers l’histoire de l’être humain.
Pour mieux comprendre ses différentes facettes, sa technicité et son évolution à travers le temps, revenons un peu en arrière et découvrons ses origines.
Les premières traces de l'usage de la parfumerie remontent à l'Antiquité. Elle était réservée au culte des dieux. De même, les matières premières étaient utilisées brutes, directement sous forme de fleurs, de plantes aromatiques ou de résines. D'ailleurs, le mot même de « parfum » provient du latin « per fumum » qui signifie littéralement « par la fumée ».
Au Moyen Age, les chinois, les arabes et les alchimistes européens découvrirent l’alcool éthylique et le système de distillation. Simultanément aux voyages de Marco Polo et au développement du commerce des épices, de nouvelles saveurs ont vu le jour.
Par la suite, la Renaissance fut une période très propice au développement du parfum. Il se destinait en particulier à la noblesse pour pallier l’absence de toilette quotidienne. Ainsi, il avait une fonction principalement hygiénique.
Différentes senteurs étaient utilisées : musc, ambre, jasmin… D’autres senteurs plus exotiques sont venues s’ajouter à cette sélection lors des grandes explorations de Christophe Colomb, Magellan ou encore Vasco de Gama : cacao, vanille, cardamome…
Vient ensuite l’Epoque Classique caractérisée par l’avènement de l’eau de toilette.
À la cour du Roi Soleil, le parfum est partout. Même les fontaines du jardin du château étaient parfumées ! On a d’ailleurs attribué à Louis XIV le surnom de « Roi le plus fleurant du monde ».
Les cours étrangères ne tardent pas à suivre le même chemin et la consommation de parfum explose. Sous l’impulsion d’une forte demande, la France se lance dans la production d’essences de parfum. On choisit le sud de la France pour la douceur de son climat et on cultive les matières premières dans la région de Grasse. C’est de cette manière que naît la réputation de ladite ville, aujourd’hui reconnue comme la capitale mondiale du Parfum.
Le début du XIXème siècle est marqué par un déclin de l’usage de la parfumerie. La révolution entraîne un rejet de tout ce qui a trait à la cour. C’est Napoléon et son épouse l’impératrice Joséphine qui vont par la suite remettre le parfum au goût du jour. Ils apprécient tout particulièrement l’eau de Cologne.
Avec une concentration en huiles essentielles comprise entre 4 et 6 %, l’eau de Cologne est plus légère mais également moins chère que son homologue l’eau de toilette, encore moins chère que l’eau de parfum, ce qui en fait un avantage certain pour son succès.
Rappelons qu’une eau de parfum contient entre 13 et 22 % d’huiles essentielles alors qu’une eau de toilette en contient entre 5 et 12 %. Les notes utilisées sont les mêmes. La concentration en huiles essentielles est l’unique différence.
L’ère industrielle est imminente : face à la demande grandissante, on va commencer à produire des parfums à grande échelle.
La fin du XIXème siècle marque alors une révolution de la parfumerie. Le progrès technique accélère son développement. On invente de nouvelles techniques d’extraction naturelle et le vaporisateur est créé en 1870.
Le siècle signe également l’apparition des premières molécules de synthèse avec l’avènement de la chimie, ce qui permet de démocratiser le parfum. Des maisons de parfumerie entament une production de flacon en série. C’est la naissance de l’industrie de la parfumerie.
Au XXème siècle, les années folles érigent le parfum en véritable produit de luxe. Les grandes maisons de parfumerie se font une renommée et la France acquiert sa réputation de haute parfumerie.
Aujourd’hui, des centaines de milliers de flacons de parfum sont vendus chaque jour dans le monde. On compte 1000 lancements de parfum par an.
Il demeure un produit qui fascine où la chimie, la biologie et l’art n’ont jamais été aussi complémentaires.
Chaque parfum a un effet bien différent et évolue de multiples façons en fonction de celui ou celle qui le porte. Aussi, chaque fragrance appartient à une famille olfactive. Ces dernières sont au nombre de sept pour combler tous les goûts, toutes les saisons, toutes les envies et toutes les occasions.
Chacune des familles olfactives colle plus ou moins à une personnalité et possède ses propres atouts.
La famille Aromatique
Comme son nom l'indique, elle se compose d'herbes aromatiques. En général, il s'agit d'une famille typique des parfums masculins du fait de son souffle très viril. Cette catégorie est également appelée agreste.
La famille Boisée
Les ingrédients majeurs de cette catégorie sont le bois de santal, le patchouli, le cèdre et le vétiver. Ces derniers sont typiques de la parfumerie masculine. Néanmoins, certains parfums pour femmes appartiennent à cette famille. Celle-ci contient des accords chauds, secs et élégants. Les notes boisées sont d'excellents fixateurs et apportent du corps et de la teneur aux parfums qui en contiennent.
La famille Chyprée
La famille chyprée se base principalement sur des accords de mousse de chêne, de ciste labdanum, de patchouli ou de bergamote. Ce nom bien énigmatique provient d'un parfum de François Coty, nommé Chypre, sorti en 1917. Les chyprés sont particulièrement identifiables.
La famille Fleurie
Parmi toutes les familles olfactives, la catégorie fleurie est sans doute la plus importante. En effet, elle regroupe tous les parfums dont le thème principal est une fleur ou un bouquet floral. La famille fleurie fait partie intégrante de la parfumerie féminine et met en avant des ingrédients tels que le jasmin, la rose, la violette, le narcisse, la tubéreuse, le muguet, le lilas… Il peut s'agir d'un soliflore ou d'un assemblage de plusieurs plantes.
La famille Fougère
Cette dénomination regroupe tout un ensemble de notes lavandées et boisées associées à de la mousse de chêne, de la bergamote, du géranium, … Son nom lui vient d'un parfum masculin français lancé en 1882 appelé Fougère Royale. Celui-ci ouvrit la voie à de nombreuses essences qui empruntèrent son nom et qui demeurent typiquement masculines.
La famille des Hespéridés
Les hespéridés regroupent tout un ensemble d’huiles essentielles obtenues par extraction du zeste d'agrumes tels que la bergamote, le pamplemousse, le citron, l’orange ou la mandarine. Ainsi, les premiers hespéridés ne sont autres que les eaux de Cologne. Aujourd'hui, la quasi-totalité des parfums commencent par ce souffle typique des hespéridés pour être ensuite relayés par d'autres saveurs.
La famille Orientale
Les orientaux, autrement appelés ambrés, sont des parfums doux, poudrés et vanillés. Ils possèdent également une touche animale et sensuelle très marquée. Ils contiennent souvent des muscs, de la vanille, de l'ambre, de la résine, du tabac, des épices exotiques et des bois précieux.
Quelle que soit la technique de fabrication utilisée, la composition d'un parfum est la plupart du temps décrite de la même manière. En effet, toutes les matières premières n'ont pas le même rythme d'évaporation. Certaines d'entre elles sont très incisives et ne durent que quelques minutes. D'autres sont perceptibles de façon plus durable et constituent le centre de la recette olfactive. Et encore d’autres qui servent davantage à augmenter la ténacité des parfums.
Pour décrire cette dégradation de senteurs, il est coutumier de parler de notes de tête, notes de cœur et notes de fond, principales composantes de la Pyramide olfactive.
Si l'univers de la parfumerie est avant tout poétique et féérique, il repose néanmoins sur des bases très physiques et scientifiques. Ainsi, la Pyramide olfactive sert à équilibrer la recette d'une fragrance pour la rendre harmonieuse. Elle sert également à rendre son évaporation graduelle et continue pour que les parfums délivrent tour à tour différents messages olfactifs dans le temps et ne s'offrent pas pleinement dès leur premier souffle.
Les notes de tête
Elles constituent la partie la plus volatile des fragrances. Il s'agit des odeurs commençant juste après la vaporisation d'un parfum. Le plus souvent, il s'agit d'une senteur fraîche et verte, dont l'évaporation débute au bout d'une demi-heure à une heure maximum. Généralement, les notes de tête des parfums sont constituées d'agrumes, de notes aromatiques, de senteurs vertes et fraîches.
Les notes de cœur
Se déploient pendant plusieurs heures et constituent l'odeur caractéristique d'un parfum. Ce sont celles qui font toute la personnalité d'une recette et que l'on perçoit pendant plusieurs heures. De manière générale, il s'agit de senteurs fleuries, fruitées ou épicées.
Les notes de fond
Enfin, les notes de fond sont celles qui s'évaporent le plus lentement. Parfois, leur évaporation prend même plusieurs jours. Leur fonction principale est de fixer le parfum pour le faire durer le plus longtemps possible. Il s'agit le plus communément de notes boisées, suaves et cuirées.
Les baumes, le bois, la mousse, l'ambre et la vanille sont des ingrédients phares de cette catégorie.
Sachez que plus la note de tête d'un parfum est importante et plus le résultat en sera frais et évanescent. À l'inverse, plus les notes de fond seront présentes et plus vous obtiendrez un parfum riche et opulent.
L’univers des senteurs touche à d’innombrables acteurs et concepts, ce qui fait de lui un monde tellement vaste que l’on est incapable de contourner.
Effectivement, le parfum demeure le plus magique artifice qui vous permettra à la fois de sombrer dans une profondeur poignante ou de voler avec une légèreté insouciante.
Un contraste qui a bien été affirmé par Paco Rabanne, quand il a dit : « Le parfum doit être aussi lourd de sens que léger à porter ».